Les
Granites
Le granite d'Ile Rousse, en Corse
Le granite est une roche magmatique plutonique leucocrate dont les cristaux ont une taille pluri millimétrique à centimétrique, rarement décimétrique. La texture de la roche est grenue. L'équivalent effusif est la rhyolite (voir une microphotographie ?). Les trois minéraux essentiels sont le quartz, le feldspath potassique (orthose ou microcline) et le feldspath calco-sodique (plagioclase). Les minéraux ferro-magnésiens, essentiellement biotite et/ou amphibole, sont en proportion inférieure à 5-10%. Dans un granite au sens strict, le feldspath potassique est plus abondant que le plagioclase. Lorsque le Fk est largement dominant, on parle de granite alcalin ; lorsque c'est le plagioclase qui domine, on parle de granodiorite (voir le batholite de la Sierra Nevada ?). On classe les granites grâce à la Classification du Double triangle de Streckeisen.
Le granite de Calvi, en Corse
Le granite porphyroïde, appellé granite à dents de cheval, contient de grands cristaux centimétriques d'orthose au sein de cristaux millimétriques. Un bel exemple dans le Massif Central est le granite de la Margeride.
Sur la microphotographie de gauche, quartz, feldspath, biotite et hornblende verte sont observés en LPNA. La photo à droite, en LPA, montre des lamelles d'albite (=perthites) dans un feldspath potassique perthitique.
La majeure partie d'un massif granitique est composée de granite au sens strict. Mais il faut signaler également de rares filons d'aplites traversant le granite (photo de gauche) et des lentilles de pegmatites dans les roches encaissants le granite (photo de droite).Ces 2 roches sont très claires, quartzo-feldsphatique avec très peu de muscovite et minéraux ferromagnésiens. Ces roches repésentent les produits les plus tardifs de la cristallisation du magma granitique. De ce fait, elles concentrent des éléments rares qui n'ont pas été incorporés dans le granite ; c'est pourquoi, on trouve des minéraux rares tel que tourmaline, béryl, etc. dans les pegmatites. L'aplite a des cristaux de petite taille (millimétrique) ; au contraire, les cristaux des pegmatites sont gros : centimétrique, décimétrique et parfois même métrique à pluri-métrique : on parle de texture pegmatitique.
Enclaves basiques dans la granodiorite de Rosas (Costa Brava, Espagne. Les teintes plus ou moins claires des enclaves montrent que celles-ci résultent d'un mélange en proportion variable des magmas acide (=fusion crustale) et basique (=fusion mantellique).
Les granites contiennent également des enclaves dont la répartition est hétérogène. Certaines de ces enclaves sont des morceaux des roches (métamorphiques) encaissantes. La majorité sont des enclaves de magma basique d'origine mantelliques : on les appelle simplement les enclaves basiques. Leur forme ovoïde, plus ou moins sphérique et leur composition variable suggère que le magma basique s'est mis en place dans le magma granitique et qu'il y a eu un mélange plus ou moins complet entre les 2.
Certains granites ont des contacts nets, tranchés avec leur encaissant : on parle de granites intrusifs. Le massif intrusif est souvent entouré d'une auréole de (métamorphisme de) contact dans l'encaissant, ce qui dénote, lors de la mise en place du granite, d'un contraste thermique entre le magma granitique chaud et l'encaissant plus froid : le magma a migré depuis sa région source, profonde et chaude et intrude des roches plus superficielles et plus froides.
D'autres granites présentent des contacts diffus, progressifs avec les roches encaissantes métamorphiques. Ce sont les granites d'anatexie. L'absence d'auréole de métamorphisme de contact indique qu'il n'y a pas de contraste thermique entre le magma et son encaissant. Le passage est progressif entre des roches hautement métamorphiques et le granite d'anatexie par l'intermédiaire de gneiss migmatitiques. Le magma granitique s'est formé sur place et représente le stade ultime du métamorphisme. Si ce magma migre vers la surface, il peut être à l'origine de granites intrusifs.
On montre que de nombreux granites se forment par fusion partielle des métasédiments (anatexie de métapélites et métagrauwackes) de la croûte continentale. Il s'agit de granite alumineux qui contiennent des minéraux alumineux : grenat, cordiérite comme le granite de Corbara :
Le granite à cordiérite (vert sombre) de Corbara, en Corse
Si la fusion partielle de roches métamorphiques est à l'origine de nombreux granites de la croûte continentale, elle ne peut expliquer à elle seule l'origine de tous les granites. Nous avons noté, dans certains granites, la présence d'enclaves basiques dont l'origine est un magma basique mantellique. Nous avons remarqué précédemment (échantillon de Granodiorite de la Sierra Nevada) que les andésites et batholites granodioritiques des zones de convergence résultaient du mélange de magma acide, produit de la fusion crustale et de magma basique d'origine mantellique. Rappelons également que les plagiogranites se forment, dans la croûte océanique, soit par différenciation magmatique à partir d'un magma basaltique, soit par fusion partielle de métabasites. En conclusion, on peut envisager trois origines possibles pour les granites : une origine strictement continentale, une origine strictement mantellique et une origine mixte.
D'autre part, on montre que si les granites se forment majoritairement dans la croûte continentale, ils se rencontrent dans tous les sites géodynamiques.
Voir aussi le complexe du Cinto ainsi que le Granite de la Borne dans le Massif Central.
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