Le Volcanisme Andésitique à la Martinique

        La Martinique appartient à l'arc des Petites Antilles, lequel est lié à la subduction de la plaque Atlantique sous la plaque Caraïbes.

La Baie de Fort de France depuis l'Anse à l'Âne (les 3 Ilets) ; au loin, les pitons du Carbet et la Montagne Pelée

Les îles tropicales : un milieu à la végétation luxuriante qui fait plus le bonheur du botaniste que du géologue !

Si le volcanisme andésitique est prédominant en Martinique, on y trouve également une diversité de roches volcaniques. Cette variété des roches est associée à des différents modes de mise en place, caractérisés par un dynamisme éruptif plus ou moins violent, effusif ou explosif.

Les laves en coussins de la Pointe Faula, Vauclin

Les laves en coussins de Vauclin, sur la côte Est témoigne d'une mise en place sous marine de basaltes tholéiitiques (d'arc), vieux d'une dizaine de Ma. La matrice qui comble les espaces entre les coussins, peu consolidée, a été érodée par l'eau de mer et fait apparaître ces derniers en 3 D.

Toujours sur la côte Est, les Ilets du François montrent de rares pillows dans des brèches de hyaloclastites. Ces roches témoignent d'une mise en place de la lave sous une faible profondeur d'eau.

Le matériel vitreux sombre (basaltique) et clair (ponces) témoigne du bi-modalisme de ce volcanisme. (Ilet Long, Le François)

Mais bien sûr, ce qui caractérise le mieux ces îles de l'arc des Petites Antilles, c'est incontestablement le volcanisme explosif andésitique. A l'anse Turin, quelques 300m au Sud de St Pierre, sur la N2, les coulées de ponces se superposent.

Les nuées ardentes de l'Anse Turin (St Pierre)

Les morceaux de ponces sont faiblement soudés entre eux à l'anse Turin.

Tout le long de la N2, entre Fort de France et St Pierre, lahars et avalanches de débris rappellent la violence de ce volcanisme.

Au Sud de Clairefontaine, la falaise fait 80 m de haut

Mais bien sur, l'édifice volcanique que tout le monde a en mémoire à la Martinique, c'est la Montagne Pelée qui a durement marqué l'île lors de son dernier paroxysme, entre 1902 et 1929.

Montagne Pelée et St Pierre (Photo A. Gourgaud)

La petite ville de St Pierre en garde un émouvant témoignage ...


La résidence des "Figuiers" sur le front de mer a été rasée par la nuée ardente du 8 Mai 1902.

Cyparis a eu la vie sauve pour avoir troublé l'ordre public quelques jours avant la catastrophe. Enfermé dans ce "blockhaus", il fut protégé de l'onde de choc par ses murs épais.

Les Nuées Ardentes de la Rivière Blanche sur les flancs de la Montagne Pelée

C'est en étudiant cette épisode volcanique que le minéralogiste Alfred Lacroix a défini le terme de Nuée Ardente pour caractérisée le mécanisme éruptif très violent : les gaz volcaniques piégés par une lave visqueuse sont sous pression et sont expulsés violemment, avec la lave, lorsqu'il arrive au sommet de l'édifice volcanique. La structure de la nuée ardente dépend de l'état de la lave au moment de l'extrusion : si celle-ci est déjà solide, la nuée ardente est constituée de blocs de taille variable (parfois métrique) ; c'est le cas de la carrière de la photo ci-dessus (sur la D10 entre St Pierre et le Prêcheur). Si la lave n'est pas complètement consolidée, le mélange gaz - magma donne une roche volcanique vitreuse et bulleuse : la ponce, extrêmement légère. La nuée peut être constituée essentiellement de gaz avec une charge minérale réduite (cendres) : elle n'en est pas moins dévastatrice, à cause, d'une part, de l'onde de choc de ces gaz sous pression et, d'autre part, de la température élevée de ceux-ci (plus de 300°C). C'est précisément ce qui s'est passé à St Pierre en 1902 !

A noter que l'on distingue des nuées descendantes lorsque l'explosion est dirigée vers le bas, sur les flancs du volcan : c'est le cas des nuées dites péléennes. On distingue des nuées retombantes lorsque les produits de l'explosion dirigée vers le haut (et peuvent atteindre 2 à 3000 m d'altitude) retombent par gravité. Celles-ci sont (relativement !) moins dangereuses que les précédentes.

Sur le flanc SW de la Montagne Pelée : le dôme de 1929 . On remarque, à mi-pente, la trace du mur de la caldeira érodé de ce côté.

Le sommet de la Pelée est recouvert d'une végétation rase.


Fleur de l'ananas sauvage, Lycopode et Bois côtelette


La caldeira est recouverte d'une moquette verte

Une double caldeira entoure le dôme sommital sur sa partie Nord.


Le dôme dans la brume depuis le bord de la caldeira

Des blocs métriques ont roulé sur les pentes du dôme lors de sa lente exhumation et sont venus s'accumuler au fond de la caldeira.

Au Sud de l'île, le rocher du Diamant est un autre témoin spectaculaire du volcanisme explosif. Ce dôme de dacite, vieux d'un million d'années, est dégagé par l'érosion.

La nature des laves de la Martinique est assez variée puisqu'on y trouve basalte (tholéiite d'arc), andésite, dacite et rhyolite.

Andésite de la Montagne Pelée ...

L'andésite est une roche volcanique porphyrique (=qui contient des phénocristaux) constitue d'une mésostase (fond microcristallin dont on ne distingue pas les cristaux à l'oeil nu) grise plus ou moins claire dans laquelle les phénocristaux millimétriques à pluri-millimétriques (donc visibles à l'oeil) sont très abondants. En effet, ils peuvent représenter plus de 50% du volume de la roche. Ce sont principalement du plagioclase (blanc) et, en quantité moindre et du (ortho)pyroxène (minuscules cristaux noirs sur la photo ci-dessus). Voir cette roche au microscope ?

L'équivalent plutonique est la diorite.

... et Dacite des Pitons du Carbet.


La Dacite, équivalent volcanique de la granodiorite, se distingue minéralogiquement de l'andésite par la présence de quartz (flèches noires). Cette roche parait bien différente de la précédente. C'est essentiellement la taille des phénocristaux (ils peuvent atteindre ici le cm) qui donne cette impression. On reconnaît des tablettes rectangulaires de hornblende. Voir cette roche au microscope ?

Retour à la Photothèque, au Cours de Pétrologie ou bien à la première page ?