La Carrière de San Andréa di Cotone
Sur la côte Est de la Corse, la Carrière sur la D71, à un kilomètre environ (vers l'intérieur de l'île) de San Andréa di Cotone (à proximité de Cervione) est un site géologique passionnant, malheureusement transformé en dépotoir (N 42°18'28" - E 9°27'53"). Jean Michel Caron et al. ont fait une étude détaillé de cet affleurement (Caron et al., 1981, Tectonophysics, 78, 419-451.). Dans la carrière, sédiment détritique et calcaire reposent sur les basaltes ; le tout est métamorphisé dans les conditions du faciès Schistes Bleus.
A l'entrée de la carrière (à droite sur le dessin ci-dessus), les sédiments détritiques sont transformés en gneiss leucocrates, légérement colorés en vert pâle par la jadéite.
Au microscope, en LPNA, on reconnait essentiellement la jadéite, pôle pur sodique du pyroxène, un mica blanc, la phengite et du quartz :
Les marbres blanc crème contiennent parfois des niveaux plurimillimétres rouges à piemontite et des oxydes de manganèse (braunite).
Des marbres à Piemontite reposent directement sur les métabasaltes
La piemontite est un marqueur d'un milieu de sédimentation riche en manganèse, comme, par exemple, les fonds océaniques à proximité de la ride :
Piemontite rouge, calcite incolore et oxydes manganésifères (noir) au microscope en LPNA.
Il s'agit d'une épidote à la composition manganésifère, d'une couleur rouge spectaculaire au microscope.
Un gros cristal brun rouge de rutile (TiO2) dans le métabasalte
A gauche de la carrière, des métabasaltes contiennent essentiellement de l'omphacite, du glaucophane, de la lawsonite et de la phengite.
Caron et al. (1981) interprètent cette carrière comme un paléo-plancher océanique : sur les métasaltes, le gneiss à jadéite (=sédiment détritique) est surmonté par des marbres. La piemontite témoignerait de la présence de nodules manganésifères caractéristiques des planchers océaniques.
Une petite carrière, à droite du chemin donnant accès à la carrière principale, permet d'intéressantes observations tectoniques : une analyse minutieuse de la dalle qui fait face permet de dénombrer 3 phases tectoniques souples superposées ; 2 de ces phases sont visibles sur la photo ci-dessous : des plis isoclinaux très serrés sont repris par des plis à plan axial vertical (respectivement F1 et F2 sur le schéma de Caron et al.)